" Les principes fondateurs de Nexem sont l’accompagnement et la représentation de ses adhérents dans un monde en mutation. Cette représentation nous impose d’être au cœur des débats publics et des politiques publiques. Car il ne s’agit pas d’être uniquement l’instrument de mise en œuvre de choix effectués par d’autres ou imposés par l’actualité ; notre projet politique nous invite à être des acteurs qui contribuons, par nos idées, nos critiques, nos propositions au nom de nos valeurs, à la construction d’une société plus inclusive.

Accompagner nos adhérents, structurer notre secteur et investir les politiques publiques

Ce volontarisme s’exprime naturellement à travers l’accompagnement de nos adhérents, car il s’agit d’être à la hauteur de leurs attentes opérationnelles. Le quotidien des associations, à l’épreuve de contraintes et de règlementations toujours plus exigeantes, appelle un appui technique et stratégique que doit pourvoir une organisation professionnelle telle que Nexem, à travers une offre de service plus adaptée et une vie régionale plus dense.

Ce volontarisme se retrouve aussi dans la structuration du secteur, puisqu’il convient de faire évoluer l’environnement dans lequel nos adhérents effectuent leurs missions : seule une branche sanitaire, sociale et médico-sociale forte, avec un cadre conventionnel adapté, peut nous permettre d’être réellement des acteurs à part entière du changement.

Ce volontarisme enfin, et surtout, doit se réaliser dans un investissement des politiques publiques parce que c’est au nom de cet investissement que nous sommes réunis aujourd’hui. Notre secteur n’est pas une bulle déconnectée de son environnement ; l’accompagnement des personnes les plus fragiles se nourrit naturellement et inévitablement de l’évolution des grandes tendances sociales, économiques et politiques. Il n’est pas concevable de penser nos missions sans les relier à ce monde qui bouge, qui respire et qui secoue.

L’inscription de notre action dans les débats sociétaux ne relève pas d’un choix idéologique ou d’une option stratégique : elle relève d’un impératif politique. La manière d’appréhender la vulnérabilité des personnes traduit à l’évidence les valeurs d’une société. En cela, les missions de nos associations sont forcément politiques au sens premier du terme, c’est-à-dire qu’elles participent de la vie de la cité. Nous sommes donc par nature des acteurs politiques, et c’est à ce titre que Nexem en tant qu’organisation représentative doit l’être aussi. Nexem doit agir dans la sphère politique.

Évolution des politiques sociales et transformation de l'offre : des défis liés que Nexem entend relever

L’objectif de cette journée était de faire un état des lieux des politiques sociales et des enjeux de leur nécessaire évolution, enjeux tant sociétaux que financiers. Un état des lieux, a fortiori sur une seule journée, est fatalement incomplet : la richesse de la thématique renvoie automatiquement à l’échec de l’exhaustivité. Mais, finalement, c’est moins le passage en revue de tous les éléments qui constituent les politiques sociales qui était recherché, qu’une appréhension globale des défis qui nous attendent. Nous aurons l’occasion dans des événements et manifestations à venir de revenir plus précisément sur tel ou tel aspect des politiques concernées. Aujourd’hui, et c’est pour moi le principal enseignement des interventions et des échanges de la journée, nous avons pu mettre en exergue le lien indéfectible entre l’évolution des politiques sociales et la transformation de l’offre sociale et médico-sociale.

C’est parce que les politiques sociales connaissent de profondes mutations que la transformation de l’offre est une évidence. Aux défis des unes répondent les enjeux de l’autre.

Et c’est au nom de ce lien que veut, doit et va agir Nexem dans les semaines et les mois à venir.

En investissant tout d’abord la question de la transformation de l’offre sociale et médico-sociale avec l’UNA, acteur majeur du secteur de l’aide à domicile. L’accompagnement des personnes fragiles doit se fonder sur leur projet et leur parcours. Ce regard englobant impose la transversalité de l’action : il faut donc éviter toute considération dogmatique et abandonner l’étanchéité du domicile par rapport à l’établissement. A la diversité des situations et des besoins doit répondre l’hybridation des dispositifs et le décloisonnement des activités. Il faut donc que nous soyons en mesure dès l’année prochaine de faire des propositions visibles et opérationnelles, en puisant dans le travail en cours sur les territoires. En effet de nombreux acteurs du domicile travaillent déjà sur le terrain avec nos associations adhérentes, pour développer des dispositifs innovants au service des personnes accueillies et accompagnées. Il s’agit par conséquent de s’arrimer à ces expériences réussies pour permettre leur déploiement et concrétiser la transformation de l’offre dans les politiques publiques.

L’enjeu de la transformation de l’offre sociale et médico-sociale est aussi celui de son financement : l’essoufflement des financements publics, certes constaté diversement selon les secteurs, est une évidence. Mais cette évidence ne doit pas nous conduire au fatalisme : il s’agit de dépasser la vision réductrice de notre secteur, trop souvent pensé comme un coût pour les finances publiques. Le coût n’est pas une fin en soi, c’est un moyen au service d’un investissement. A l’heure de la mise en avant de la notion d’impact social, il faut agir pour imposer ce changement de paradigme : accompagner les personnes fragiles, c’est avant tout investir dans la vision d’une société plus soucieuse de toutes ses composantes et donc plus inclusive. Il s’agit donc de reformuler la problématique : comment financer cet investissement qui profite à toute la société, en étant innovant dans son approche et responsable dans son appréhension des comptes publics ?

La transformation de l’offre passe également par la structuration de notre secteur. On ne peut penser mutation de l’activité et évolution du rôle des acteurs sans de nouvelles règles du jeu. Le cadre actuel est obsolète, nous le savons : il ne permet plus d’exercer nos missions. Relique du passé, inadapté au présent, comment pourrait-il incarner le futur ? La prospérité de la transformation de l’offre implique donc d’adapter notre secteur aux nouvelles exigences. 2019 va être une année charnière pour la structuration de notre environnement :

  • avec la mise en place d’une filière santé, tout d’abord, au sens large retenu par l’OMS, c’est-à-dire du bien-être des individus, et la mutualisation de la question de la formation et des parcours professionnels avec toutes les organisations concernées par cette filière ;
  • avec la mise en place d’une confédération, ensuite, pour organiser l’action collective des employeurs du secteur sanitaire, social et médico-social à but non lucratif ;
  • avec le début des négociations sur le projet conventionnel, enfin, qui va nous permettre de dépasser les conventions collectives actuelles pour doter le secteur d’un cadre juridique à la hauteur des besoins et permettre une représentation.

Décloisonnement, financement, structuration du secteur : trois conditions de réussite pour cette transformation de l’offre sociale et médico-sociale. A chacune de ces conditions doit correspondre une action forte de Nexem dans les semaines à venir, pour faire vivre le projet de notre organisation professionnelle et atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.

« Quelle offre sociale pour les français demain ?», c’était l’objet de nos réflexions aujourd’hui. Des éléments de réponse nous ont été apportés. Notre réflexion va se poursuivre bien évidemment. Quelle que soit la réponse, elle va se dessiner l’année prochaine.

Mon engagement, au nom de Nexem, c’est que nous serons au rendez-vous, décidés fermement à apporter notre contribution pour la construction d’une société qui ne laisse personne sur le bord du chemin. "

Alain Raoul, discours prononcé le 20 novembre 2018 à La Maison de la Chimie, Paris.