La Commission insiste sur le fait que le « care » concerne, au long de leur vie, tous les Européens, soit qu’ils en bénéficient directement, soit qu’ils, et plus particulièrement elles, puissent, grâce à l’accompagnement proposé à leur proche, avoir un choix de vie et notamment travailler. Même si la stratégie n’est pas consacrée exclusivement aux personnes âgées, une des justifications de cette stratégie tient évidemment au vieillissement de la population, avec pour la France une prévision de 23,9 % de la population âgée de plus de 65 ans en 2030 et 27,7 % en 2050.

Un des chapitres de la stratégie est dédié au financement dont elle considère qu’il doit être durable, amélioré et être considéré comme un investissement avec de nombreux bénéfice sociétaux et économiques. La Commission souligne à ce sujet que l’économie sociale,  en raison de son approche centrée sur la personne et de sa gouvernance ouverte, apporte une valeur ajoutée particulière, notamment parce qu’elle réinvestit ses bénéfices potentiels dans l’exercice de ses missions. Au-delà des enjeux de financement, la Commission demande la création de standards de qualité et de ratios d’accompagnement en fonction des publics. Elle recommande enfin aux États membres d’élaborer un plan d’action national sur les soins de longue durée pour les personnes âgées et les personnes handicapées.

Quid des enjeux d'attractivité du secteur ?

Une thématique sur laquelle la stratégie insiste beaucoup est celle de l’attractivité du secteur. Les partenaires sociaux européens avaient attiré l’attention de la Commission, fin 2021, sur le fait qu’une stratégie européenne devait prendre en compte les enjeux de main d’œuvre et d’attractivité dans le cadre d’une position commune (FR). Nexem avait activement contribué à ce positionnement.

La Commission considère que le secteur dispose d’un haut potentiel de création d’emplois, d’autant plus fort en France, que le nombre de salariés rapporté au nombre de personnes âgées de 65 ans et plus est inférieur à la moyenne européenne. L’utilisation de ce potentiel est toutefois conditionnée à une amélioration de l’attractivité et à une fidélisation du personnel d’un secteur qui est particulièrement exposé aux pénuries de main d’œuvre.

Les pistes proposées par la Commission pour y faire face sont l’amélioration des salaires et des conditions de travail, ainsi qu’un renforcement de la formation initiale comme continue, le tout dans le cadre d’un dialogue social renforcé. Bien entendu, il s’agit également d’ouvrir des chantiers sur la valorisation et la reconnaissance du secteur, la lutte contre les stéréotypes, les « softs skills », la santé au travail du point de vue physique ou psychologique, le recours à l’immigration légale ou encore la mixité professionnelle.

Projets de recommandations du Conseil de l’UE

La Commission propose au Conseil, constitué des États membres de prendre deux recommandations pour mettre en œuvre la stratégie, qui auront une certaine valeur contraignante, du point de vue politique.

Recommandation sur les soins et l’accompagnement de longue durée (Long Term Care)

Le but de cette recommandation est d’améliorer l’accès à des services de haute qualité, accessibles et abordables en les diversifiant par l’accompagnement à domicile et l’accompagnement inclusif, ayant également davantage recours aux solutions numériques. Elle ne néglige pas les aspects liés à l’attractivité.

Recommandation sur l’accueil de la petite enfance

Cette résolution consiste principalement en une révision des objectifs de Barcelone (33% des enfants de moins de 3 ans bénéficiant d’un accueil, pour aller jusqu’à 50%). La France a déjà atteint cette cible, mais il faut noter que la recommandation l’assortit d’un minimum d’heures, à savoir 25 heures par semaine et fait un focus particulier sur les enfants en situation de handicap qui doivent de la part des États membres, faire l’objet de mesures particulières et notamment d’une adaptation du ratio adultes/enfants. La résolution demande également aux États de professionnaliser tout le personnel de la petite enfance notamment par la formation initiale et continue.

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