Lors de cette conférence, après un partage des constats, des actions ont été proposées afin de prévenir les risques professionnels et favoriser l’attractivité des métiers de l’accompagnement et du soin, principalement dans le secteur du grand âge.

Des expériences menées dans ce domaine par d’autres pays européens ont également été présentées à cette occasion.

Un manque d'effectif confirmé dans le secteur PA

La part des personnes de plus de 60 ans devrait passer à 24 millions en 2050, au lieu de 16 millions en 2015. Les besoins en personnel dans le secteur des personnes âgées (PA) vont ainsi augmenter mécaniquement.

L’attractivité des métiers autour de l’accompagnement et du soin des personnes âgées est pourtant en chute libre : « 81 % des EHPAD déclarent des vacances de postes », a rappelé Christian Expert, président d'EUROGIP. Dans ces structures, l’indice de fréquence des accidents du travail et maladies professionnelles est par ailleurs de 90 pour 1 000 salariés, soit 50 % plus élevé que dans le BTP.

La crise sanitaire a permis de mettre un coup de projecteur sur le travail réalisé par les intervenants à domicile qui sont soumis à de très nombreux facteurs de risque (physiques, psychologiques, chimiques, routiers, biologiques). Le travail à domicile accompli principalement par des femmes reste parfois toujours considéré comme un prolongement des tâches effectuées chez soi (activités de ménage et de cuisine).

Les métiers du lien souffrent de manière générale d’un manque de reconnaissance par la société. Il s’agit pourtant d’emplois non délocalisables et qui ont du sens.

La situation de sous-effectif (absentéisme, turn-over, ATMP) implique un manque de temps des professionnels pour l’écoute et la disponibilité requise auprès de personnes en perte d’autonomie. Elle génère également du stress pour les salariés en charge d’accompagner ces dernières. Le fait de devoir faire vite, sans pouvoir faire bien génère « des conflits de loyauté » rappelle Myriam El Khomri qui est intervenue lors de cette conférence. Les responsables se voient contraints de consacrer une grande partie de leur temps aux recrutements au détriment du soutien des équipes.

Pour mémoire, Nexem a récemment interviewé l'ancien ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social au sujet de l’attractivité des métiers.

Les solutions envisagées

Facteurs de risques

 

Leviers d’actions
Manutention manuelle et port de charges lourdes, liés au transfert des personnes à mobilité réduite.
  • Programme TMS PRO (assurance-maladie) désormais doté d’une version spécifique pour l’aide et le soin à la personne
  • Un nouveau guide de l’INRS concernant l’acquisition de matériels pour les EHPAD paraîtra en avril.
  • Aide et soin à la personne :  démarche d'aide à la mobilité : outils de l’INRS.
  • Formation organisée par l’hôpital Saint Joseph : évaluation des capacités motrices et cognitives de la personne afin de l’impliquer dans les gestes et manipulations qui la concernent
  • Sensibilisation par un affichage régulier des indices de sinistralité

 

Méconnaissance des maladies (Alzheimer, Parkinson…) des personnes accompagnées

 

  • Formations requises dans le domaine médical
Confrontation à la mort, à des situations générant beaucoup d’émotions

 

  • Temps dédié pour échanger sur les pratiques professionnelles entre pairs
 

Organisations du travail




 

 

  • Aménagements des locaux
  • Collaboration à prévoir entre l’expert qui apporte une nouvelle technologie et le professionnel qui participe ainsi à l’amélioration de ses conditions de travail et du service dont il a la charge
 

Lutte contre les idées reçues : plus je me sollicite, plus j’aide ; prendre soin de l’autre au détriment de soi



 

 

  • Programme aidants / aidés de la CARSAT Aquitaine : mise en place de matériel ergonomique, implication de la famille pour soutenir le professionnel, valorisation des missions grâce à un Forum Théâtre, parcours d’intégration pour les nouveaux embauchés
Manque de reconnaissance
  • Fournitures de matériels adaptés (téléphone portable, voiture de service, macarons pour se garer en urgence…)
  • Revalorisations salariales en lien avec l’évolution du parcours professionnel

Les exemples d’autres pays européens en matière de prévention des risques et d’attractivité autour des métiers du soin et de l’accompagnement

Italie

Les mesures mises en œuvre par l’INAIL (fonds national de gestion des accidents du travail) :

- création d’un guide destiné aux travailleurs à domicile travaillant dans le secteur PA sur les risques professionnels et les bonnes pratiques ;

- élaboration d’une norme pour recenser les compétences requises pour exercer les missions de l’aide à domicile et recenser les risques associés ;

- mise en place d’une certification de 65 heures permettant de répondre aux exigences fixées dans la norme. Cette formation permet en outre une valorisation de la fonction.

Irlande

Pendant la crise sanitaire, la Fédération des employeurs des services à domicile a souhaité qu’une loi encadre le parcours professionnel des aides à domicile, en fonction de critères déterminés et valorisants :

Compétences Formation requise  Valorisation salariale
Tenir compagnie – tâches domestiques  


 

Rémunération de base
Savoir accomplir certains actes de soins ou médicaux  

Oui

Prime
Savoir accompagner à l’autonomie Oui Prime
Connaître les pathologies de la personne accompagnée

 

Oui Prime

Danemark 

L’exposition aux charges émotionnelles a été considérée comme un facteur de risque touchant particulièrement le secteur des services à la personne et a donné lieu à un programme de prévention des situations conflictuelles.

Allemagne

Pour faire face aux situations de stress liées à l’augmentation de la violence des patients, des formations à destination des personnels de santé et des managers ont été organisées pour permettre de mieux gérer ces situations.

Dans ce sens, la Commission européenne a organisé une consultation sur la future stratégie européenne de santé au travail 2021-2027. La Fédération européenne des employeurs sociaux, dont Nexem est membre actif, a répondu à cette consultation. Cette dernière a notamment mis en avant les besoins de financement des actions de prévention et les besoins de formation et de sensibilisation spécifiques au secteur social et médico-social.

Pour consulter la réponse de la Fédération des employeurs sociaux cliquez ici
Retrouvez la synthèse des échanges et l’enregistrement de la conférence en cliquant ici