“J’ai commencé à travailler à 17 ans, comme animatrice dans un quartier sensible. C’est alors que j’ai fait mon premier signalement pour un enfant brûlé à la cigarette. Encore aujourd’hui je me souviens de son nom… Deux ans après, je suis devenue éducatrice spécialisée. Dès le départ, j’avais le désir d’évoluer dans ma carrière, et ce sont des métiers qui offrent de vraies possibilités d’évolution. Aujourd’hui, j’encadre deux équipes d’internat et même trois en ce moment !
Ma mission est entièrement tournée vers les équipes et vers les jeunes. La bienveillance est une valeur à laquelle je tiens beaucoup. Les jeunes professionnels préfèrent les milieux ouverts. Pourtant il existe une vraie solidarité dans les internats et chaque équipe a sa propre culture, née de la réunion de personnalités différentes et des histoires vécues ensemble. Si un jeune éducateur me posait la question je lui dirais “Vas-y, tu vas t’éclater !”
Les satisfactions, le plaisir, la richesse des échanges, je les ai connus en tant qu’éducatrice et je les vis encore en tant que chef de service.
Nous avons des choses à faire valoir, notamment dans la petite enfance, au nom de la particularité. Une méthode unique ne suffit pas, on va arrêter de penser si l’on s’oriente vers cela. Nous avons également besoin de fluidité, d’arrêter de cliver entre soin, protection de l’enfance et aide sociale à l’enfance. Mais cependant, même si l’on ne reste pas pour le salaire, même si nos métiers restent mal connus et mal reconnus, nous trouvons des solutions, des portes d’entrée. Certains soirs, on est vraiment content, pour l’équipe, pour le jeune que l’on a aidé, pour les autres jeunes qui vivent avec lui. Ce qu’ils vivent, ce sont eux qui le vivent de plein fouet mais, dans ce métier, on apprend toujours sur soi.”