“Le matin, je n’ai jamais à me demander à quoi je sers”

“On n’atterrit jamais à la protection de l’enfance par hasard, on y arrive porté par des valeurs, par un engagement chevillé au corps et la conviction que l’épanouissement passe par la relation d’aide. Je vois des cadres du secteur marchand qui nous rejoignent parce qu’ils sont en quête de sens et qu’ils veulent se sentir utiles. Or, quand je me lève le matin, je n’ai jamais à me poser la question “A quoi je sers ?”, ma mission garde son pouvoir d’attraction intact. J’ai toujours travaillé dans le secteur privé non lucratif, d’abord dans un foyer de jeunes travailleurs puis en gériatrie dans un hôpital local. L’utilité sociale, c’est un marqueur fort de mon parcours professionnel. 

Aujourd’hui, manager de Linkiaa, mon rôle est d’être chef d’orchestre des organisations, de faire en sorte que le désir d’engagement soit maintenu. Je suis un acharné de la communication positive, je veux que s’expriment les preuves objectives de notre impact positif. Si la plupart des professionnels continuent ce métier c’est parce qu’ils y trouvent du sens car Il faut dire aussi que c’est difficile dans la durée. D’une part parce que nous côtoyons ce qu’il y a de plus dur au sein des familles, d’autre part parce que nous vivons dans une société de plus en plus individualiste, avec de plus en plus de phénomènes d’exclusion, une massification des besoins qui se confronte à des budgets au mieux constants.

Ce serait très réducteur de dire que nous exerçons un métier : on s’engage. A un jeune en face de ParcourSup, je ne lui parlerai pas d’employabilité, je lui dirai seulement “Fais ce que tu aimes faire, ce que tu as envie de faire”. C’est un engagement utile. 340 000 enfants sont suivis par la protection de l’enfance, et avec eux ce sont des parents et des fratries que nous accompagnons. Imaginons un seul instant que nous ne soyons pas là pour aider ces centaines de milliers de personnes en difficulté ! Ma mission est de rappeler que si la protection de l’enfance coûte de l’argent, c’est la moindre des choses. Non, la protection de l’enfance n’est pas une charge pour la société, Oui, c’est un investissement pour l’avenir !”